Avant que ne furent découvertes la faucheuse puis la moissoneuse-javeleuse et ensuite la moissonneuse-lieuse, les paysans de l’époque utilisaient pour la moisson la serpette.
La serpette est une lame d’acier de 5 à 6 cm de largeur qui se présente sous la forme d’un demi cercle. L’une des extrémités finit en pointe et à l’opposé se trouve une poignée en bois. Elle est bordée sur un côté, d’une nervure qui permet de maintenir sa rigidité et, parallèlement à cette nervure se trouve la partie taillante.
L’usage de ce petit outil appartenait aussi bien aux hommes qu’aux femmes ou aux adolescents, car l’effort physique à fournir n’était pas très important. Pratiquer la moisson à la serpette consistait donc à prendre d’une main une poignée de tiges de blé, et de l’autre main munie de la serpette, sectionner les tiges à 10 centimètres environ du sol. Chaque poignée étant ensuite déposée sur le côté en alignement afin de former un andain. Après dessiccation totale des pailles, les jours suivants étaient consacrés au ramassage. Un certain nombre de poignées étaient rassemblées sur un lien qui, auparavant, avait été conçu avec de la paille de seigle « lou ligadé ». Cette opération s’appelait tout simplement « la mise en gerbes » , « las garbos ». Il n’était pas rare de découvrir que ces deux types d’opérations se pratiquaient sous la formule de l’entraide. Après la mise en gerbes, celles-ci étaient transportées puis déposées à proximité d’une aire qui, préventivement avait été enrobée de bouse de vache durcie sous les rayons du soleil. En attendant la troisième opération : la battage, les gerbes étaient soigneusement disposées de façon à confectionner un gerbier « la gabère » en attente des jours suivants destinés au battage « la battère ».
La battage
Jusque vers la fin du XIXe siècle, notre région n’avait pas connu une grande évolution en matière de battage. Cette opération se pratiquait encore à l’aide du fléau ou du manège. Le fléau était un petit outil très simple que le paysan fabriquait. Deux tiges de bois reliées par deux petites lanières en cuir entrelacées. L’une des tiges servant de manche, l’autre de battant qu’on appliquait sur les épis étalés sur cette aire enrobée, et sur laquelle on recueillait le grain. Cette pratique au fléau nécessitait plusieurs jours d’intervention et en particulier des journées bien ensoleillées, ce qui permettait l’éclatement des épis.
Après les fléaux sont apparus les manèges de fabrication plutôt artisanale et assez simple de conception. Sur un bon socle en bois est percé un trou pouvant recevoir un arbre vertical de 1 mètre 50 environ. De la base de l’arbre, partaient horizontalement des traverses de 2m50 à 3 mètres de longueur, lesquelles étaient ensuite reliées entre elles et en bout par d’autres petites traverses. L’ensemble formant un hexagone. De l’extrémité de cet hexagone vers la pointe de l’axe vertical, central, partaient des petites traverses obliques, prévues de façon à consolider cet assemblage charpenté. C’était donc cet assemblage qui, pivotant sur le socle allait exercer un mouvement de rotation. Par rapport au fléau, l’utilisation du manège avait réduit considérablement l’effort physique de l’homme. L’opération de battage consistait à déposer soigneusement autour du manège les pailles de blé. Sur l’une des extrémités du manège était accroché une sorte de traîneau muni de deux petits rouleaux en bois crénelés. A l’opposé, un attelage bovin (ou autre) destiné à faire tourner la manège. Sous l’effet de cette rotation, le traîneau « lou trani » roulait sur les épis de blé en sursautant et, avec l’appui de journées bien chaudes, les graines se détachent une à une de leur enveloppe. Par intermittence, les pailles étaient engrangées. Le grain était soigneusement récupéré puis, à l’aide de petits récipients, il était déversé sur une toile, à partir d’une certaine hauteur. Cette pratique consistait à utiliser les vents naturels qui, de part leur puissance assez modérée permettait d’éliminer les pétales desséchés et les impuretés qui se trouvaient mélangées à la graine. A cette époque, c’était d’après le nombre de mesures (soit 20 kg) que s’évaluait le rendement à l’arpent « lou journaou ». La récolte du blé était une des principales production qui apportait au monde paysan des ressources financières et ce, au prix de nombreux efforts.
Gérard Hourugou, Garlin, Arasclet
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