lundi 1 septembre 2008

La préparation du vignoble

Le butoir en bois

Avant d’énumérer les différents travaux saisonniers qui s’imposent en viticulture, il n’est pas inintéressant de découvrir les travaux qui devraient être effectués préalablement à la plantation d’un vignoble. Comme toutes les plantes, la vigne doit être installée dans un terrain parfaitement ameubli en profondeur afin de permettre aux racines de se développer dans de bonnes conditions. Le défonçage du terrain apparaît donc être une opération de première nécessité. Cela suppose ainsi, l’utilisation d’un matériel bien plus
robuste que celui qui est couramment utilisé pour des labours ordinaires.

Le braban à défoncer pouvant atteindre la profondeur de 40 à 50cm était utilisé, aussi bien que l’araire à grand gabarit qui, elle, n’était pas réversible et dont le descriptif est le suivant.

Sur un boîtier métallique appelé « corps de labour » était fixé un grand soc se terminant par une pointe de forme pénétrante. En prolongement de ce soc, un grand versoir de forme hélicoïdale. Tout cet ensemble était fixé ensuite sur une épaisse traverse de bois «la perche » placée horizontalement. Sur le bout avant de la perche était boulonnée une pièce métallique « la corne » sur laquelle coulissait le crochet d’attelage pour le réglage de la profondeur du sillon, une simple tige métallique réglable du bas vers le haut. Après mise au point, le tout était bloqué par une vis de serrage. Sur la partie arrière de la perche, étaient fixés deux mancherons tenus par les mains de l’homme.

Le défonçage du terrain

La première opération consistait à creuser un premier sillon en bordure du terrain, d’une profondeur d’environ 40 cm à l’aide de l’araire à défoncer. A l’aide de la petite araire de même conception que la précédente, une glèbe était découpée sur la partie superficielle du sol, pour être renversée tout au fond de ce premier sillon. A l’issue de ce premier passage, intervenait la grande araire dans le sillon précédent, afin de creuser en profondeur et remonter en surface, la terre inerte qui, elle, allait recouvrir la bonne terre logée au fond du sillon.

Le principe étant de placer les racines de la plante dans le sous-sol et à proximité d’éléments plus nutritifs, susceptibles de favoriser un bon enracinement. Ce travail de défonçage était autrefois très contraignant, pénible aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Tirer l’araire à défoncer, cela nécessitait la présence de trois attelages. Selon le relief ou la structure du terrain, plusieurs journées étaient nécessaires parfois sur de faibles surfaces. Puis, les travaux de défonçage terminés, le nivellement du sol se faisait par l’utilisation de la herse canadienne. Deux passages croisés étaient nécessaires. La herse canadienne reste toujours l’outil polyvalent qui est utilisé aussi bien pour les cultures céréalières que pour la vigne. Sur un cadre métallique sont fixés trois axes transversaux mobiles. Chaque axe est porteur de 4 à 5 lames d’acier flexibles en forme de ½ cercle. Ce dispositif mobile est en relation avec un levier qui règle la prise dans le sol. A l’avant, un crochet d’attelage ; à l’arrière, 2 poignées à hauteur de la main de l’homme.

La plantation de la vigne : « la plantère »

Préalablement à cette opération et sur un sol parfaitement nivelé étaient installés les tuteurs. Ce travail accompli se présentait sous la forme de rangs espacés de 2 mètres environ et, dans chaque rang, un certain nombre de tuteurs espacés de 1 mètre environ. Au pied de chaque tuteur, un trou avait été creusé préventivement avec à l’intérieur, l’apport d’une pelletée de bon terreau. C’était dans ces conditions qu’étaient installés les jeunes cèpes, après avoir subi le taillage de leurs petites rames, ainsi que celui des pointes de leurs racines dénommé « habillage ». Ces différentes opérations de préparation et d’installation d’un vignoble se pratiquaient généralement sous des formes collectives : « l’entraide », où l’ambiance et la bonne humeur n’étaient jamais absentes. Un vieil adage faisait dire que pour réussir une plantation il était important que la tête du jeune plant ne dépasse pas le niveau du sol et que, avant de former une sorte de taupinière sur cette tête, « la bouhère » chaque pied devait être arrosé avec un verre de vin.

Durant les deux premières années, la taille était plutôt consacrée à former le pied de vigne, ainsi que à l’installation des fils. L’année suivante, et, selon un bon développement végétatif, le taillage était progressivement orienté vers un début de production, et les sarments prévus à cet effet allaient être soumis année par année au pliage. Cette opération se pratiquait par l’utilisation d’osiers « lous bimis ». Ces osiers de taille différente étaient installés sur une sorte de trépied « lou chibalet » que le vigneron déplaçait de pied en pied de vigne. Le chevalet était une sorte de trépieds, que le vigneron s’était fabriqué. Au-dessous d’une petite traverse en bois d’une longueur de 50 à 60 cm environ, étaient fixées deux béquilles. A l’arrière était emmanchée une tige de bois de 1 mètre 50 environ, et sur laquelle était installée une branche taillée en forme de Y. Au-dessus et au centre de la traverse, une tige en bois affutée en bout, et placée verticalement, et sur laquelle s’enfilaient des paquets d’osiers de tailles différentes. Le vigneron avait donc à portée de la main, le nécessaire qui lui permettait de procéder au pliage des sarments.

Si la taille de la vigne consistait à éliminer les sarments inutiles, le but principal était de conserver la ou les meilleures tiges qui elles allaient être porteuses de fruits. Cependant, le façonnage d’un pied de vigne n’était jamais exclu. Quant au pliage des sarments tout au long des fils, le principe consistait à obliger lors de la végétation, les tiges nouvelles à pousser verticalement. Plus tard, ces tiges seront reliées au fil supérieur, puis attachées à l’aide de raphia. Ainsi, la vigne était façonnée de telle sorte, qu’elle se présentait par la suite sous la forme d’espalier.

Gérard Hourugou, Garlin


La plantère; sf - action de planter; plantation; v. plantagne; manie de planter; v. plantassejà

bìmi, bìme; sm. - Osier, saule marseau; branche d'osier, brin d'osier.
Tòrse-s coum û bìmi, se trodre, être flexible comme l'osier


chibalét;
sm. - Chevalet, tréteau de scieur; petit cheval. V. cabalét. Dans les L., aussi, ouverture dans la toiture pour pénétrer sous le toit, soupirail.
A chibalét, à califourchon, jeu d'enfant; lous chibaléts, les chevaux de bois.

(dictionnaire du béarnais et du Gascon modernes, Simin Palay, Editions CNRS, 1991)

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